9 mai - compte rendu de mission
Compte rendu de mission d’évaluation et de premier secours dans le district de Kavre, 15 jours après le seisme.
Catherine Joriot, rentrée à Katmandou après une première sortie hors de la capitale, envoie un compte rendu détaillé de leurs péripéties de la journée du 7. Il n’est pas si simple de se lancer dans l’aide d’urgence, et il va falloir bien identifier et sélectionner les bénéficiaires de l’aide.
" Raphaelle et moi ainsi que le guide Basanta sommes partis dans le district de Kavre accompagnes par Shoki le copain de Raph au volant d une jeep et Patrick Wagnon au volant de l'autre jeep et Guy comme photographe. Pasang le chauffeur de l’agence était la en renfort egalement. Heureusement que le Nepal ne compte pas sur notre equipe pour le sauver car il nous est arrivé beaucoup de mesaventures. A peine nous quittions la vallée de Katmandou, dans la montée aprés Baktapur, le moteur de la jeep de Patrick rend l’ame! Tout de suite je fais décharger les tôles que nous avons prévue de distribuer,pour les mettre toutes sur l’autre jeep, mais le porte bagage est pret a céder. On renlève la moitié des toles. Nous laissons Basanta garder la jeep et les toles, et Pasang repartir à l’agence chercher notre van. Ils nous rattraperons après. A Banepa nous récuperons l’assistant guide Ram Moktan et son neveu. Apres trois heures de route pluto vertigineuse mais en bon état, nous rejoignons notre guide Jaman Singh qui nous attend au bord de la route. On laisse Ram qui monte à pied à son village ou nous irons en dernier. On embarque le père de Jaman et des sacs de riz et hop, on repart par une mauvaise piste pour rejoindre le village de Jaman.
Tout de suite on commence les visites des maisons. Au début certains villageois nous entrainent dans des maisons sans grands dégats. Un de nos porteurs nous fait perdre notre temps à crapahuter pour quelques fissures dans son mur. Là, je l’engueule carrement et lui dis qu’on a pas de temps à perdre et que l’on veut voir les cas prioritaires. Certains aussi croient nous rouler dans la farine en nous montrant des maisons écroulées certes,mais qui étaient deja abandonnées et servaient comme remise. Mais Raph et moi ne sommes pas nées de la dernière pluie. On a vite fait de trouver les maisons les plus endommagées et les cas les plus graves. Jaman aussi nous conseille bien et ne met pas en avant sa famille uniquement.
Les maisons du villages sont trés espacées heuresement, donc l’écroulement d’une n’entraine pas les autres. La maison de notre guide Kancha est en trés bon état car c’est une belle maison neuve. Par contre à coté de chez lui, vivent deux femmes avec des enfants jeunes. Le mari des deux femmes est mort il y a un an. Leur maison va s’écrouler. Les deux familles sont sous des baches. Plus loin la maison d’un de nos porteurs a un trou comme d’obus dans sa facade et un autre mur qui va tomber. Deux autres porteurs, dont un agé, ont leurs maisons détruites. Nous leur promettons de voir leurs maisons au retour . Une famille de porteurs et assistant guide ont leur trois maisons qui vont s’écrouler. C’est toute leur vie de porteurs et leur fierté que d’avoir pu construire ces trois belles maisons. Maintenant ils dorment sous des baches. Certains de ces porteurs ont plus de 40 ans. Pour eux c’était bientot la retraite .
Dans le village de Khanigaon il y a des dégats mais les maisons sont plus riches qu’ailleurs, plusieurs habitants sont assistant guides et non pas porteurs. Ce n’est pas le spectacle des maisons complètement écroulées de Gorkha ou du Sindupalchok, mais en fait en les visitant une par une, on s’appercoit que la majorité de celles qui sont touchées doivent etre démolies totalement. Ici personne n’a besoin de tôles car les ONG ont donné quelques grandes baches et les habitants ont pu aussi recupérer leurs toles pour faire des abris. Nous donnons quand même des bâches. L’orage menace. Shoki décide de redescendre la voiture à la route goudronnée car ensuite s’il pleut ce sera impossible.
Nous montons à pied avec Jaman et un porteur au village de Magarsalu ou vit notre guide Basanta. On change de disctrict. Ce nest plus le district de Kavre mais celui de Sinduli. Il fait 35° et la montée est carrement raide. J’ai vraiment du mal avec la chaleur et prend de l’avance avec le porteur qui a décidé de me protéger tout le long. Il m’offre un baton de bambou et me force à lui donner mon sac. Je ne resite pas beaucoup vu la chaleur implacable. Raph et les garcons s’arrètent dans quelques maisons écroulées en chemin pour l’interview et photo des familles.
L’orage menace et nous ne prenons aucune pause. Il y a encore tant à faire. Au passage visite de l’école qui a bien tenue sauf un mur avec une grande fissure. La maison d’à côté est en train de s’ébouler. La famille s’est refugiée ailleurs. On prend juste des photos.
Encore un raidillon et nous voici enfin au village de Basanta. La vraiment on ne regrette pas d’ètre venu. C’est un village trés pauvre, les maisons sont serrées les unes contre les autres. Ce sont de vieilles maisons. Rien à voir avec le village de Kancha et Jaman. La majorité des maisons sont ecroulées ou en train de tomber. Les habitants, des Tamang ici aussi, sont adorables. Ils ne nous font pas perdre de temps dans des maisons peu touchées mais nous conduisent directement sur les priorités. Ici seul Basanta est guide. Tous les autres sont soit porteurs-agriculteurs, ou que agriculteurs. Il n’y a pas d’assitants guides ni de cuisiniers. Seul Basanta s’en est sorti et on mesure le chemin parcouru .
Notre équipe est bien rodée maintenant pour faire les évaluations. Patrick entre dans les maisons constater les degats, vérifier si les fissures interieures correspondent à des fissures exterieures. Guy prend les photos des maisons avec la famille et de leur campement provisoire. Raph et moi faisons les interviews. Jaman nous aide à traduire parfois. Basanta est resté derriere nous quelque part, il devrait arriver, mais nous devons nous debrouiller sans lui.
Dans une maison Raph découvre un jeune alitée. Typhoide ? Raph verifie les antibio que le poste de secours de la ville leur a donnée. On s’écarte de la maison et on donne à la famille les régles d’hygiene à respecter. Mais déjà une autre enfant à de la fièvre. Nous devrons en parler à Basanta plus tard. C’est tout le village qui risque d’ètre contaminer, vu le manque d hygiène et la proximiteé des maisons.
Les maisons sont faites de pierres avec beaucoup de terre entre c’est pour cela quelles ont moins tenu que les grosses maisons en pierres. Les toits sont en tôle et elles sont toutes récupérables car la majorite des maisons ne sont pas encore écroulées mais sont à demolir. On leur dit de commencer a le faire pour sauver le bois et les tôles avant la mousson, mais ils ont peur de tout prendre sur la tête. La on a pas d idées a leur donner! Il faut un professionel pour venir faire l’état des lieux de chaque maison, voir celles qui peuvent etre sauvées.
Tout le monde veut nous offrir un repas sous les campements. Ils sont trop gentils alors qu’ils ont tout perdu mais on ne peut pas risquer de tomber malade. Je trouve la parade: on a pas le temps. Emballez nous quelques patates et hop on file. La mere de Basanta nous donne un sachet de pain de millet que nous grignotons à la descente... Patrick le regrettera la nuit suivante. Il se tord de douleur et vomit toute la nuit... Une vielle dame nous donne des patates bouillies.
Ici pas de baches des ONG ni aucune aide. Avant le seisme les villageois etaient déja trés pauvres, les champs sont minuscules et trés en pente. Il manque d’eau. Les pieds de maïs sont minuscules et trés trés écartes. Alors que ceux en bas, près de la route, font deja plus d un metre.
Nous repartons une fois les interviews et photos faites. Il nous reste le village de Ram Moktan. Dans la descente Raph parvient a avoir Shoki au tel. Notre van est arrivé avec le chauffeur Pasang et Basanta. Basanta est en train de monter à pied au village. Mais nous ne pouvons l’attendre car les deux vehicules se sont fait encercler par des habitants des villages de la route qui reclament nos tôles...alors que leurs maisons ne sont pas abimées! Shoki a du faire partir Pasang avec le van et toutes les toles en vitesse, car ils devenaient agressifs. De toutes façons ces villages n’ont pas besoin de tôles, ils vont recuperer les leurs. Shoki nous attend seul au bord de la route au pied de notre descente mais d’autres villageois commencent à l’encercler. On lui demande de fuir et de ne pas nous attendre on pourra toujours dormir sous des baches, avant la route.Le tel coupe et d’ou on est on ne peut voir s’il a réeussi a fuir. On l’espere.
Au village de Ram nous ne faisons que quelques interviews dont les maisons de Ram et son oncle. Les maisons sont trés endommagées mais trop dispersées et on a plus le temps.
On s’inquiete pour Shoki qui a réussi a rappeler et nous dit de nous dépécher car il nous attend et ca chauffe en bas. Patrick et Raph partent devant en courant.Guy et moi trainons la patte dans cette descente hyper raide. Pas assez bu d’eau on a les cuisses comme du ciment. C’est la debandade. Arrivé à la jeep, Shoki nous presse de monter et on fuit en ayant à peine le temps de promettre à mon brave porteur qu’on va faire quelque chose pour eux. Un pauvre minuscule pépé qui nous suit depuis tout la haut, pour récupérer des tôles, repart bredouille.
Sur le coup on a l’impression d’avoir tout loupé. Mais en fait non, notre but principal était de faire un état des lieux et nous l’avons fait.
Pour ce qui est des tôles c’est le fiasco c’est sur. Cela me prouve que nous devons pas nous occuper des actions d’urgence, mais uniquement des reconstruction. Nous n’avons pas les compétences pour gérer l’urgence, sauf cas grave comme le gamin malade. De plus si on fait des distributions on risque les émeutes même dans cette region reculée. On savait que l’on courait ce risque car de nombreux convois humanitaires ont eu ce probleme.
Sur la route du retour nous en venons à la conclusion que la seconde phase consistera à envoyer un spécialiste du bâtiment pour voir l’état de chaque maison et conseiller les habitants pour celles qui peuvent etre réparées, pour conseiller aussi sur la reconstruction de maison. Il faut un etranger pour ne pas risquer la corruption. J’ai le contact de l’ONG « architectes de l’urgence » qui est déja à KTM. Une fois son rapport fait on comptera nos sous récoltés grâce à vous tous et on verra combien on peut donner à chacun pour la reconstruction. Beaucoup de matériaux seront récupérables mais ils n’ont ni maçons, ni menuisiers dans ces villages et ne savent pas construire leurs maisons eux même. C’est donc surtout un coût de main d’œuvre qu’il faut prévoir. Dans les familles qui ont un homme adultes, ils pourront participer aux travaux mais pour les femmes seules, il faudra prévoir plus de main d’oeuvres exterieures et donc plus d’aide financière.
On ne peut être partout. On va mettre nos efforts et les fonds en priorite pour les maisons de nos guides trés endommageés au Solu et Okaldungha et pour la reconstruction des maisons des porteurs de ces trois villages qui ne seront de toutes facons pas aidées par les grosses ONG qui ont trop à faire vers Gorkha et Sindupalchowk. Mais on va cependant attendre le retour de l’équipe partie au Solu pour décider.
Le choix de ces villages tamang est cependant un bon choix puisqu’ils sont dix fois plus pauvres que n’importe quels villages de la Nubri ou des Annapurna. Meme si ils sont seulement a un jour de KTM, Ils n’ont ni trekkers, ni plantes medicinales à vendre aux Chinois, seulement que des champs arides recouverts d’une terre sèche comme le désert. Par contre le paysage est trés beau. Depuis le village de Basanta on voit, parait-il, les sommets himalayens. Nous recommencerons à faire des treks dans cette région en incluant son village dans le circuit pour que tout le monde puisse profiter du passage des trekkers et pas seulement le guide.....mais bon pour le moment les trekkers ne vont pas revenir de si tot... Les seules regions de collines et montagnes qui ont bénéficiées de dévellopements, sont celles où passent les sentiers de trek. Seul le tourisme de trek pourra les aider. En plus ce n’est pas de l’ assistanat mais un vrai boulot. Ceux qui viendront me dire que l’on va bousiller leur culture et leur authenticité en envoyant des trekkers, auront droit à un coup de pied au cul de ma part! La situation est trés grave et soit les trekkers reviennent et les porteurs auront du boulot, soit leurs familles mourront de faim et leurs enfants seront la proie du trafic humain vers l’Inde...c’est malheuresement la crainte exprimé par de nombreuses ONG.
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