Le Yersa gumba (ou Cordyceps)

Le Yersa gumba (ou Yersha Gumpa) est mi-plante-mi-insecte, connue depuis des centaines d'années pour se vertus médicinales. Son nom scientifique est: Cordyceps sinensis

Il se ramasse en haute altitude à la frontière tibétaine. Les Chinois en sont les premiers consommateurs.

La collecte de cette plante rare constitue une ressource appréciable des habitants des villages des hautes vallées himalayennes, comme Samdo.

Elle n'est pas sans susciter des convoitises et provoquer des frictions entre les prétendants au ramassage.

L'OR VERT DE L'HIMALAYA

C'est ainsi qu'Eric VALLI, photographe, grand reporter, écrivain, et réalisateur du fameux « Himalaya l'enfance d'un chef », qualifie, dans les colonnes de Paris-Match, cette exceptionnelle combinaison d'une chenille jaune et d'un champignon, le cordyceps sinensis: le yarsagumba.

Yarsagumba, en tibétain, signifie littéralement : plante d'été et insecte d'hiver. Au début de la saison des pluies en effet, les spores du cordyceps, un champignon, infectent ces chenilles qui vivent sur l'herbe humide et dans le sol ; le champignon pénètre le corps de la chenille, se fraye un passage à travers la tête de l'insecte, se nourrit de la chenille qui finit par mourir. A mesure que la température augmente et que la neige fond, le yarsagumba sort de terre. D'un champignon, il est devenu une herbe en passant par le corps d'un insecte!

Nous sommes entre 3.300 et 4.000 mètres d'altitude. C'est alors que commence cette nouvelle ruée vers l'« or », au Népal, mais aussi au Buthan, en Inde et au Tibet. Car de savantes études ont démontré les vertus sanitaires du yarsagumba: il augmente la résistance et la force physique, aide à combattre le stress, l'hépatite B et la cirrhose du foie, augmente le taux de bon cholestérol, améliore les problèmes respiratoires et la qualité de vie des malades atteints d'un cancer... Mais surtout, le yarsagumba a des effets toniques sur les fonctions sexuelles déficientes: un véritable « viagra » de l'Himalaya, que les riches Chinois sont prêts à acquérir à prix d'or!

C'est ainsi que des milliers de villageois arpentent les alpages de haute montagne à la recherche de l'herbe précieuse, bravant le froid et l'altitude, désertant les administrations, les écoles, et même les monastères, bouleversant aussi un écosystème fragile...

Sur le marché de Katmandou, le yarsagumba vaut 5.600€ le kilo ! A Shangaï, Pékin, Singapour, Hong Kong, il s'est même négocié jusqu'à 30.000€ ! Pour les montagnards népalais, c'est un filon miraculeux, et les cueilleurs sont prêts à s'acquitter d'un droit d'accès aux herbages qui varie de 100 à 1.000 roupies. Et tant pis pour la dégradation des sols, la multiplication des déchets, ou la propre raréfaction de l'herbe...

Les milliardaires de tous pays ont trouvé un nouveau jouet et une nouvelle façon d'exploiter la misère des hommes ; alors il est vraisemblable que la fièvre ne retombera que lorsque l'on découvrira une autre médecine miracle, puisque, si l'on en croit le philosophe Henri BERGSON, « le sex-appeal est la clé de voûte de notre civilisation ».